Le pitit coin de Zozo

L’ange déchu

Il est tombé
Au loin, j’aperçois une forme descendre
Une forme blanche comme la neige
Aux cheveux blonds comme les blés coupés
Il est tombé
Il descend du ciel en écartant les ailes
Il passe à travers les nuages
Il semble ne pas comprendre ce qui lui arrive
L’oiseau tombe sur la pierre froide
Il est tombé
Je vais voir ce qu’il en est
A la place d’un oiseau, surprise
Je découvre un petit garçon ailé
Il doit avoir mon âge
Mais pourquoi ?
Il est tombé
Il n’a pas ralenti sa chute
Maintenant il est là étendu
Les ailes écartées de tout leur long
Les bras en croix comme s’il mourait
Les yeux à demi fermés comme s’il priait
En m’approchant plus près
Je découvre qu’il est criblé de blessures
Et de larmes coulant de ses yeux qui me supplient
Puis, qui se ferment
Formant avec son corps une pluie d’étincelles
Où es-tu, petit ange ?
J’ouvre les yeux dans mon lit
Et je regarde par la fenêtre
En pensant à mon petit ange
Au loin, j’aperçois une forme descendre
Une forme blanche comme la neige
Aux cheveux blonds comme les blés coupés
Il est tombé


Jour et nuit
Frères ennemis

Il y avait dans le monde deux frères
Pas comme les autres
Ils n’ont jamais été unis
Par les liens que l’on nomme amour
Le jour et la nuit
Deux frères ennemis
La naissance de l’un
Provoqua la folie de l’autre
Folie qui fit une victime
La mère succomba
Le père resta seul pour tempérer leurs ardeurs
Coup manqué
La haine était ancrée
L’aîné cherchait à tuer
Le plus jeune, le plus faible
Mais...
Le destin en avait décidé autrement

Les années passèrent
Les « jeux » devinrent champ de bataille
Où ne reposaient que cadavres
Des milliers de cadavres
Des milliers de victimes
Des milliers d’innocents
Les deux espèces confondues
Les deux chefs se fixaient
Yeux dans les yeux
Yeux bleus contre yeux jaunes
« Chef ? »
L’ordre fut donné
Les montures des deux frères se cabrèrent
Tandis qu’ils tendaient leurs armes au ciel
Et la charge commença
Tuant d’autres victimes
Tuant d’autres innocents
Entrechoquant les lames
Paradant les coups

Les souvenirs ne sont plus que douleurs
L’ange tua son frère aîné
Et se couvrit les mains de sang
Le sang de son tortionnaire
Une magnifique couleur écarlate
Ses yeux s’embuèrent
Il laissa couler les fontaines
Parce qu’au fond de leur haine
Lui, le seul, il l’aimait quand même

Esclave

La nuit tombe
Le soleil se couche
Les corbeaux chantent
Les chats dévalisent
Mais au milieu des déchets
Gît un pauvre esclave
Un jeune homme recroquevillé
Un jeune homme affamé
Un jeune homme abandonné
Un jeune homme brisé
Un liquide carmin s'écoule
Goutte à goutte
Inonde sa peau
Lui donne couleur vermeille
Ses yeux s'ouvrent à peine
Ses cheveux ternes retombent sur eux
Le temps de pousser un dernier soupir
Avant de se laisser mourir
Comme un parfait martyr
Les oiseaux du malheur s'emparent de lui
Savourent sa chair au goût épicé
Chantant de plus belle
A l'adresse de Dieu, du créateur
"Merci pour la nourriture" disent-ils
Ne laissent bientôt plus qu'un amas d'os
Un collier et une médaille
"Zéphyr, serviteur dévoué"
Mais ce soir, cette nuit
Le serviteur s'est enfui


Violence douce amère

J'aime te voir
Regarder tes yeux
Reflétant le bleu des cieux
J'aime me plonger dedans
Te contempler en-dehors du temps
T'appartenir complètement
Moi qui ne suis rien en comparaison
Ta violence me brusque et me crispe
Ton volcan m'enflamme
Tes baisers m'enchantent
Tes mains m'envoûtent
Pourquoi m'enchaîner?
Je ne m'en irai pas
Pourquoi me frapper?
Je ne ferai rien contre toi
Je t'aime bien trop pour ça
Détache-moi, range ça, enlace-moi
Emmène-moi au septième ciel
Regarde-moi bien, dans les yeux
M'aimes-tu vraiment?
Vois-tu l'amour que je te porte?
Aimes-tu à me torturer?
Brutalité que j'aime et déteste
Visage que j'adore
Peau que je sens
Fais-moi rêver
Avec ta violence douce amère


Aile brisée

Qu'est-ce que la pureté?
Une lumière qui nous entoure
Qu'est-ce que la bonté?
Un monde d'espérance
Qu'est-ce qu'une aile brisée?
Une multitude de choses
Être privé(e) de liberté
Une mutilation du passé
Des rêves saccagés
Des ruines de ce que l'on construisait
Une aile brisée, c'est aussi
Le désespoir et le tristesse
Un amour trop violent
Des portes qui se ferment
Des mots qui nous blessent
En vérité, il n'y a pas de mot
Pour définir cette souffrance
Il s'agit juste d'une aile brisée
Et d'une larme d'ange versée


Cruauté

Je connais un monde
Un monde lointain
Inconnu du temps
Inconnu de l'espace
Où se cotoient mythes et légendes
C'est dans ce monde que tout commence...
J'ouvre les yeux
Sur des regards curieux
J'agite la queue
Je ne regrette pas d'être né
Je me lie bientôt d'amitié
Avec un jeune garçon, mon allié
Qui s'occupe de moi
Qui y donne corps et âme
Un jour tout bascule
Mes crocs percent la chair
Un liquide écarlate en découle
On me déclame dangereux
J'ai beau protester vigoureusement
Je m'enfuis, sans autre solution
Je grandis bien vite
Je deviens fort
Je deviens beau
Mais je reste seul
Jusqu'à ce qu'on me retrouve
On m'attache, on m'enferme
Je me libère chaque fois
Je mords, je griffe et...je blesse
Je m'enfuis encore
Laissez-moi juste vivre ma vie
Quelques temps plus tard
Un marché m'est proposé
Me laisser gentiment attacher
Qu'ils me libèreraient très vite
J'agrippe la main du garçon
J'appose ma condition
Je me retrouve enchaîné
J'ai beau tirer et tirer
Le fil refuse de se briser
De dépit, je referme les crocs
J'en broie la main de mon cher ami
J'en deviens bientôt fou
Je n'en peux plus
Ma vengeance bientôt s'abattra
Le jour arriva comme promis
Je brise mes chaînes
Je dévore le chaud soleil
Je laisse flotter la nuit
Là où mes yeux brillent
D'une lueur incandescente
Je me mets ensuite en route
Arrivé devant eux
Je leur hurle ma rancoeur
J'arrache leurs membres, leur coeur, leur âme
J'étrangle aussi leur roi
Avant de disparaître
Me laisser mourir pour le rejoindre
Tyr, mon ami, repose en paix